Infos
Pour cette Biennale Internationale Design Saint-Étienne 2017, le Random(Lab) dispose d'une carte blanche dont il profite pour mettre les visiteur·euse·s au travail. A l'heure de la ludification, du « human-based computing » et autre « Turc mécanique », le projet Work'em All invite à réfléchir aux dispositifs numériques visant à transformer certaines activités humaines – dont celles consacrées aux loisirs – en un travail non rémunéré.
L'installation Work'em All propose donc de considérer les visiteur·euse·s de la Biennale comme une force de travail interchangeable, passant symboliquement du temps gratis derrière des machines. En récompense ironique de leurs efforts, iels auront la possibilité d'acheter leur production au magasin de la biennale.
Des étudiant·e·s de l'option design de la mention Média travaillent avec l'équipe du Random(Lab) pour la production de ce dispositif.
Étudiant·e·s participant·e·s
Camille D'Arondel de Hayes, Bathilde Lebret, Cyrielle Molard, Chloé Pelletier et Ling Wang.
Membres du Random(Lab) impliqué·e·s
Johann Aussage, Damien Baïs, David-Olivier Lartigaud et Jacques-Daniel Pillon.
Avec
Martin Guillaumie et Pierrick Faure du collectif Captain Ludd.
Présentation
Fonctionnement
Par l'intermédiaire de diverses interfaces, les visiteur·euse·s sont invité·e·s à jouer à des jeux vidéo basés sur des règles simples (éteindre ou allumer des voyants lumineux, viser des cibles, déplacer des objets virtuels...). Ces actions produisent des données numériques qui servent à générer automatiquement une affiche incluant des éléments statistiques et factuels sur l'activité des visiteur·ice·s (temps passé à jouer, taux de réussite, manipulations effectuées...). Toutes les 20 minutes, l'affiche coconstruite par les joueur·euse·s est imprimée et mise en vente en boutique en récompense ironique de leur travail. Au lieu d'une juste rémunération, les « travailleur·euse·s » n'ont que le droit d'acquérir, en payant, le fruit de leur labeur.
Interfaces
Afin de donner une certaine imprécision à l'activité des joueur·euse·s, les interfaces physiques créées pour le projet ont un aspect volontairement ambiguë, entre le boîtier de commande industriel ou militaire et la console de jeu vidéo. Pour la·e visiteur·ice qui utilise ces interfaces, la situation est celle d'un moment ludique inspiré des jeux de type casual game (jeux rapides et répétitifs) que l'on télécharge sur nos smartphones. En revanche, pour cellui qui regarde les autres jouer, la scène évoque des ouvrier·e·s debout, aligné·e·s devant leurs consoles de travail.
Gafa
Une seconde lecture du projet peut également être opérée à partir du design des interfaces présentées. Les cinq objets retracent, sous forme d'un simulacre de rétrospective, l'histoire d'une firme imaginaire nommée Gafa puis Natu, naissant à la fin du xixe siècle et parcourant le xxe siècle jusqu'à un futur proche. Cette généalogie d'objets relève de systèmes de défense, de surveillance ou de comptage, laissant supposer que l'entreprise en question participe depuis des décennies à l'exploitation et à la surveillance généralisée de l'humanité en lien avec le complexe militaro-industriel. Gafa et Natu sont les acronymes utilisés dans les médias pour designer respectivement les firmes GoogleAppleFacebookAmazon et NetflixAirbnbTeslaUber.
Positionnement
Dans le cadre de cette carte blanche consacrée aux « mutations du travail », ce projet tente de sensibiliser à des préoccupations contemporaines concernant la capitalisation permanente de l'activité humaine organisée par quelques grands groupes technologiques. Mais le sujet est vaste et réussir à en exposer toute la complexité est hors de portée pour une installation qui souhaite rester ludique et non démonstrative. Les différentes pistes de lecture sont donc confiées au soin du public en espérant que les parents, face à ce projet, ne laisseront pas leurs enfants travailler très en-dessous de l'âge légal fixé en France.
Vue de l'installation Work'em All, BID 2017 © photo Sandrine Binoux
Work'em All, machine GAFA 1880 © photo Sandrine Binoux
Work'em All, machine GAFA 1944 © photo Sandrine Binoux
Work'em All, machine GAFA 1960 © photo Sandrine Binoux
Work'em All, machine GAFA 1985 © photo Sandrine Binoux
Work'em All, machine GAFA 2017 © photo Sandrine Binoux
Vue de l'installation Work'em All, affiche en cours de génération © photo Sandrine Binoux
Dispositif d'impression des affiches générées par les visiteur·euse·s situé dans le magasin de la biennale © photo Sandrine Binoux
Dessin préparatoire © Martin Guillaumie
Rendu 3D préparatoire des interfaces de commande. On distingue, de gauche à droite, les machines de l'entreprise GAFA datant de 1880, 1944, 1960 et 1985 © Random(Lab)
Conception et réalisation des boitiers des machines de l'installation Work'em All © Random(Lab)
Conception et réalisation des interfaces de l'installation Work'em All © Random(Lab)
Work'em All, interface de jeu de la machine GAFA 1985 © Random(Lab)
Work'em All, interface de jeu de la machine GAFA 1960 © Random(Lab)
Catalogue général de la BID Saint-Étienne 2017, Working Promesse/Les mutations du travail, p. 68-69 consacrées à Work'em All © Cité du design
Article Work'em All dans le magazine Occurence 3, ESADSE, 2017, p. 16-19 © ESADSE
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